Noël en Provence

 

                 

  • Le CACHO-FUE
  • Le Gros Souper
  • Les 13 Desserts

N'oubliez pas de "semer le blé" pour la Sainte Barbe, le 4 Décembre.Prenez une coupe à fruit ou une grande soucoupe, mettez du coton sur toute la surface et sur un centimètre d'épaisseur et déposez le blé régulièrement, assez serré. Arrosez bien (faire tout baigner dans l'eau pour la première fois, et ensuite arroser de manière à ce que le coton reste humide, vous aurez un blé germé de 15 cm de hauteur pour Noël.

Pour Noël nous décorons notre appartement et notre table avec du houx ou du fusain, ornons notre pompe et notre pain avec du laurier et du petit houx. Si nous ne pouvons nous procurer tout ou partie de ces plantes, remplaçons les par d'autres, par des plantes de chez nous, si possible, mais ne laissons pas sans verdure notre table, ni notre demeure.

L'usage qui consiste à faire figurer le blé de la Sainte Barbe sur la table ne s'est pas perdu ;  rappelons à ce propos, quelques vers d'un Noël :

 

"Lou blad de Santo Barbo                        

"Le blé de la Sainte Barbe,

Que pèr aqueu jour si gardo                     

Qui pour ce jour là se garde,

A taulo fau lou bouta                                 

à table il faut le mettre,

Maï aco's un pla pèr arregarda"              

 mais cela est un plat à regarder

 

Le gros souper commençait autrefois par la bénédiction de la bûche (CACHO-FUE), les libations que le chef de famille faisait sur le cacho-fue, sont un souvenir de celles que chez les romains, tout chef de famille faisait  en se mettant à table.

En principe, le cacho-fue (la bûche) est fourni par un arbre fruitier : de l'olivier, un cep de vigne,  de l'amandier, du sorbier etc...  Nous pouvons adopter n'importe quel bois, mais d'un arbre du terroir, et un arbre fruitier de préférence.

Pas de Noël sans vin cuit ; Il est donc juste que ce soit ce vin qui serve aux libations du Cacho-fue.

Le père de famille conduit par la main le plus jeune des enfants à la porte de la maison, où l'on a pris soin de placer une grosse bûche d'olivier ou d'arbre fruitier, qui porte le nom de : CALIGNAOU.  L'enfant muni d'un verre de vin cuit, fait 3 libations sur la bûche en prononçant les paroles suivantes :

 

"Alègre !  Alègre!

Mi Bèus enfant, Diéu nous alègre !

Emé Calèndo tout bèn vèn... ven tout ben ven,

Diéu nous fague la gràci de vèire l'an que vèn,

E se noun sian pas mai,  que noun fuguen  pas mens!"

 

("Allégresse! Allégresse ! Mes beaux enfants, Dieu nous réjouisse, Avec Noël; tout va bien...Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient, Et  si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins! ")

Le verre passe à la ronde et est vidé par les assistants.

L'enfant et l'aïeul portent le Calignaou jusqu'au foyer processionnellement ; On l'allume aussitôt à l'aide de sarments.

Il nous est rapporté par certains auteurs, que c'était  l'aïeul qui bénissait la bûche. Il est vraisemblable qu'il n'y avait pas de règle bien établie, cela dépendait de la région et surtout des us et coutumes de la maison.

Plus tard "le Calen" a remplacé le cacho-fue ; cette lampe où brûle une bougie, est placée dans la crèche sur le devant, entre deux soucoupes de blé de la Sainte Barbe.

Cette cérémonie du Calen, n'empêche pas qu'on mette une grosse bûche au feu. Certains rites perdus n'ont d'intérêt qu'à titre de curiosité. Nous pourrions souhaiter que ces coutumes de Noël reprennent leur place dans tous les foyers. S'il n'y a pas de cheminée dans la maison, que l'on prononce les paroles consacrées en guise de bénédicité et que l'on boive le vin cuit.

 

Noël exigeant jeûne et abstinence, le gros souper doit être composé uniquement de plats maigres. En outre les desserts doivent au nombre de 13, et il convient de goûter à tous au cours de la soirée.

Cette coutume est incontestablement la plus connue et la plus respectée de toutes celles de Noël.

La table du gros souper n'est pas dressée comme celle d'un repas ordinaire : Tout d'abord, on mange ce soir-là sur 3 nappes blanches, pour honorer la Sainte Trinité, et à la lueur de 3 chandelles, sans doute pour la même raison.

Nous vous proposons  le décor suivant, qui est représenté par 3 bougeoirs et 2 assiettes de blé de la Sainte Barbe, enrubannés :

1 bougeoir - 1 assiette de blé-1 bougeoir-1 assiette deblé-1 bougeoir.

Après avoir procédé à la bénédiction du cacho-fue, le pain était réparti par l'aïeul. Cette répartition ne se faisait pas au hasard, mais selon des  rites bien établis. Le pain entaillé en autant de portions que de convives, plus une portion qui était placée près de la crèche à l'intention du premier pauvre qui passait.

En effet, les pauvres n'étaient pas oubliés au cours du gros souper et l'on mettait de côté une part du repas à leur intention :

 

"Que soù sé quan manjan,                  

Qui sait si quand nous mangeons

S'en trovo pas qu'an fan"                    

 Il ne se trouve pas de gens qui ont faim

 

On appelle "Calendau" le bouquet qui sert à orner le pain de Noël et certains fruits, avec du laurier et du ruscus ( petit arbrisseau vulgairement appelé : petit houx ou caleno).

Le gros souper, qui est peut être à la fois plus recherché et plus plantureux que toute autre de l'année, garde paradoxalement un certain caractère d'austérité.

Le peuple de chez nous a crée ses habitudes et ses traditions en utilisant uniquement des produits du terroir.

Le gros souper était composé principalement par : le chou-fleur, la carde, le céleri, les épinards, l'artichaut, les blettes, les châtaignes bouillies, les escargots. Puis les anguilles, les muges et les moules de l'Etang de Berre.

La morue aussi fait partie depuis fort longtemps du menu du gros souper. Elle était distribuée par le port de Marseille, sèche, elle se conserve longtemps et peut être transportée et entreposée. Les classes modestes pouvaient en faire réserves et servir ce mets peu onéreux  (...à l'époque !) accommodé de multiples façons, plus ingénieuses et plus succulentes les unes que les autres.

A titre indicatif, voici quelques menus, variant selon les régions et les auteurs :

Marie Gasquet       - Soupe de sauge - brandade - escargots sauce 

Rousse - épinards - cardons frits -

 salade de   chicorée et de céleri et les 13 desserts.

Frédéric Mistral :   - Céleri à l'anchoïade - blette - escargots  

-morue frite -muge aux olives - carde et les 13   Desserts.

 

 

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LES TREIZE DESSERTS

 

 Un merveilleux symbole qui apprend que le Sauveur et ses douze Apôtres sont à table avec nous.

Cette coutume se fait en Provence, mais la série des desserts n'est pas la même, elle varie selon que l'on se trouve du côté d e Marseille, d'Arles, de Brignoles, d'Avignon,  de Manosque, d'Aix en Provence etc...

Les treize desserts sont placés tous en même temps sur la table.

Les fruits secs : amandes, noisettes, noix et figues, ne pouvant pas être séparées. On les appelle "mendiants" car leur couleur rappelle la couleur des robes des "Ordres Mendiants" : Augustins, Carmes, Dominicains et Franciscains.

Le "pâté d'ermite" ou "mendiant" est une figue sèche fourrée d'un cerneau de noix.

Les 13 desserts étaient surtout constitués par les produits du terroir étaient principalement :

 

Poires   -         Pommes   -   Raisins secs   -   Figues sèches   -   Noisettes   -   Noix   -      Amandes   -   Prunes   -   Confitures   -  Pompe   -    Nougat Blanc   -   Nougat  noir  -    VIN CUIT  -

 

Sont discutés : Les chocolats, marrons glacés, fondants et papillotes - Ne doit pas figurer " la bûche de Noël" .

Dans le temps, nous  recueillions simplement ce que la nature  offrait. Aujourd'hui nous sommes moins pauvres et chacun fait comme il l'entend.

 

Les boissons du souper :

Pendant le repas  :   les vins du terroir

Avec les desserts  :   le vin cuit 

Ensuite  :  "lou sauvo crestian" 

               ("le sauve chrétien", une eau de vie)

Conclusion :

Malgré les nouveautés, le changement des marchés, les maîtresses de maison de chez nous s'efforcent d'ordonner le repas suivant les bons préceptes et de se transmettre, de mère en fille, cet amour des traditions. Souhaitons qu'elles ne faillent pas à leur mission.

 

 

 

 

 

 

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